(En Avril 1986, j’étais dans un Boeing d’Air France au dessus de Benghazi ... )
Voici donc que nous sommes en campagne de destruction, à sens unique. Certains parlent de guerre, mais il n’y a pas de guerre. Nous frappons sur celui qui a déclaré forfait, et nous nous en réjouissons, si nous ne l’ignorons pas. Peu de Canadiens saurons que le pays du Prix Nobel de la Paix Sr Lester B. Pearson, participe paradoxalement aux bombardements autorisés par le club des Nations Unies. En Afrique et à l’Union Africaine, les manchots de la diplomatie sont dans la danse, et ne semblent pas voir se poindre à l’horizon proche l’horrible décadence du vieux rêve de l’indépendance. De cette façon, le cycle des rendez-vous manqués recommence, cette fois-ci celui du sage mariage des intérêts économiques, intelligemment et collectivement négociés. En occident, élus, diplomates et experts sont muets. Ils attendent que les cendres refroidissent pour écrire des chapitres d’histoire. Au nom d’une nécessaire aide à révolte populaire pour la démocratie, ils s’interdisent de questionner le recours aux armes pour promettre des urnes, ils se complaisent d’avaliser l’esprit et le mouvement de rébellion armée en vue du changement de toute évidence incertain. Entretemps, des millions de litres de sang humain se seront mélangés au sable chaud pour laisser filtrer l’huile essentielle à l’existence d’autres humains. Tous auront raté l'occasion de réanimer et civiliser l'humanité. Une démonstration de plus que ce monde est barbare, qu'on soit pacifiste à la Villepin-Chrétien (Irak 2003) ou belliciste à la Jupé-Harper (Libye, 2011).
Encore et encore, ce sont des gens qui ne sont pas des citoyens des pays guerriers qui sont condamnés à des massacres par nos armes et celles que nous leur faisons payer pour équiper leurs «dictateurs», et qui ne participent pas aux décisions de ces barbares bombardements. Car leur sang a bon goût dans nos chars, nos habits, nos demeures, nos cellulaires et nos assiettes, quoi qu'on pense! De plus en plus cependant, ce sang risque de sentir suffisamment mauvais pour que l’électeur sensible s’en dissocie. Si non, ce sera un retour à «l’homme des cavernes», ou à plus près de nous le nazi, et la fin du fabuleux rêve humanitaire.
Francois M.
2011