Savoir écrire.

Pour savoir écrire, il faut d'abord savoir lire. Et c'est différent de lire. Pendant des années, je carburais à l'écriture. J'aurais habillé la terre entière de lettres et d'espacements des mots. J'écrivais, sans lire, ni songer à faire lire. Il me suffisait d'écrire, pour voir aussitôt une marée de lecteurs s'y abreuver. J'ignorais lire, et ce pourquoi d'autres lisent. Qui lisent, quoi lisent-ils?

Tout écrit trouve des lecteurs, au pire des cas, l'auteur et son entourage. Des écrits de toutes sortes trouvent échos dans le journal écrit, et parfois dans le livre. Certains font taches d’huile, lus par un large public et affectant significativement les attitudes des lecteurs. D'autres sont des gouttelettes d'eau, sur le sable.

Pour bien des auteurs, l'écriture est une forme de pleure. On laisse couler des larmes, par diverses émotions. Et on ne sait pas pourquoi, mais on finit par savoir que ça fait du bien. Plus souvent j'écris avec des gouttes de larmes, et non avec des crayons à mine. D’émotion et de cœur j’écris, sans but ni fin, je crois, dans tous les cas sans cible et sans attentes précises.

Depuis l'arrivée de l'internet, j'ai appris à me faire l'idée de la grosseur de mes larmes, par la comptabilité des indices approximatifs de lectures, le compte des clics. Qui lit a nécessairement cliqué sur le titre, mais l’ouverture de pages ne garantie pas la lecture, encore moins la connexion au contenu. Néanmoins, je peux savoir dans quelles proportions les larmes stimulées par le cœur  attirent moins de lecteurs que celles stimulées pat le piment. Pourquoi lire, lit-on, que lit-on?

On lit ce qui est écrit, qui nous rejoint. L'écrit sera lu, dans la mesure où il évoque nos préoccupations et stimule nos prédispositions mentales. On lit court, tout court. Un écrit court a un avantage de taille sur un autre plus long. Ça se lit vite, entre deux gorgées de thé, et ça se digère bien, quand il est moins chargé de contenu.

Savoir écrire, ça s'apprend. Et, ça se maintient. Le défi d'écrire est de lire sur les lecteurs, savoir ce qu'ils ont lu ou n’ont pas lu qui les prédispose à la lecture. Je lis, donc je peux écrire, au moins ce que je ne comprends pas de ce que je lis.

 

Francois M.

2008

 

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