Harper salit le drapeau rouge canadien dans un fleuve de sang!

En Avril 1986, j’étais dans un Boeing d’Air France au dessus de Benghazi en direction de Paris, lorsque des bombardiers américains détruisaient nuitamment des résidences du président Kadhafi. Ils ont manqué leur cible, tué sa fille adoptive, quelques dizaines de civils et deux marines américains y auront perdu la vie. Pourquoi? Les chasseurs libyens nous ont alors barré le ciel, nous obligeant de rebrousser chemin vers le continent de l’obscurité. Nous l’avons échappé belle, en grande partie parce que la France et l’Italie avaient refusé toute collaboration à cette frappe planifiée un an plus tôt.

Un quart de siècle plus tard, la folie reprend le dessus, des bombardiers nous livrent un nouveau concert dans le ciel libyen. Cette fois encore, je m’estime chanceux, ayant passé du coté de ceux dont la vie est sacrée, protégée. J’ai la chance de regarder la télé, de naviguer dans l’imaginaire et questionner le bon sens des journalistes et commentateurs enthousiasmés par ce qui se passe là-bas. Le même enthousiasme spectaculaire qui a caractérisé les destructions des vies et de l’espoir en Irak par la coalition Bush et Blair il y a quelques années. J’eus cru que nous avions fait la bonne école, que nous avions appris à apprécier valablement le sens de la liberté au sens des Bush et celui de la paix au sens de Dominique de Villepin. Que nous aura laissé cette école s’il faut exporter la démocratie sur les têtes de missiles?

Je sais certains me trouveront fou. Ils se demanderont quelle mouche m’a piqué pour ne pas chanter en chœur l’hymne des Nations Unies. Kadhafi est un dictateur, direz-vous, et le Conseil de Sécurité l’a livré aux vautours. Il ne s’agit évidemment pas d’enjeux d’un quelconque attachement à des valeurs de démocratie, de bonne ou mauvaise gouvernance nationale, encore moins de recherche de la paix ou de sauvegarde des intérêts du peuple libyen. Ce peuple qui, sous la dictature de Kadhafi aura été à l’abri des fléaux de l’aide humanitaire, du manque de soins médicaux, de l’analphabétisme et de l’exile, va dorénavant y gouter. Je ne crois pas qu’il y aurait pire scénario, pour justifier la folie. Peu de gens acceptent de verser le sang des autres et le leur, en sacrifice pour un idéal ou un intérêt collectif. Bien des gens par contre, n’accepteront de sacrifice d’un proche. Et ces gens constituent la majorité. Pourquoi l’option des sacrifices passe en priorité? Pourquoi n’avoir pas dialogué avec Kadhafi, l’énergumène qui renonçait au nucléaire sans y être forcé?

Il y avait risque d’étouffement du vent des changements politiques à Benghazi, me dit-on. Mais si on se trouvait par malheur dans la région, on aurait demandé d’être évacué avant la tempête. Comme le sang à verser n’a pas de nom, que le spectacle commence! Ainsi Kadhafi est tué, avec des milliers d’autres proches ou non de son pouvoir. Et le vent pourra continuer son déferlement, sur les régions ressources. Car, il s’agit bien de l’enjeu du repositionnement des astres géostratégiques. Aux enfers donc vieux et exécrable Kadhafi, et avec lui sa folie de vouloir vendre aux mieux offrant les ressources de l’Afrique, à la Chine et aux pays émergeants d’Amérique latine, disait-il au sommet UE-UA l’an dernier.

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Francois M.

2011

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