Nationalisation de la procréation et gouvernance optimale des destins humanitaires.
En 2008 j’accouchais du texte de cette fiction. Je pus le proposer à quelques médias, qui l’ont jalousement gardé dans la filière. Et pourtant, ce n’est pas tant que ca manque de piquant ou d’intérêt public. Il s’agit en effet d’un projet du siècle, la procréation assistée et contrôlée. Finies les inquiétudes liées au déficit démographique et aux diverses ennuies causées par les sauts d’humeurs des populations, leurs exigences en modes de gouvernance, leurs capricieux modes de vie. Bye bye les revendications syndicales, les grèves, les enchères de salaires, etc. Enfin la ressource humaine a statut de ressource, tout court ! Une ressource comme les autres, à toutes fins utiles contrôlable.
Par-dessus l’illusion de fiction, un train révolutionnaire. Faut pas avoir peur, c’est sécuritaire et sans violence. Au cœur du projet, l’assurance d’une richesse inépuisable pour «tous», les élus. Si depuis la seconde guerre l’occident s’est beaucoup enrichi, plusieurs experts reconnaissent l’effet accumulateur de la concentration des pouvoirs politiques et économiques, ainsi que l’effet régulateur de la lutte des classes. Sous ce dernier chapitre, s’inscrivent l’action syndicale et les politiques de limitations des naissances, entre autres. Alors que la logique aurait été d’arrimer la croissance démographique à la croissance économique, l’équation s’est hélas avérée complexe, insoluble et incontrôlable. Ainsi, on peut exiger et obtenir des gens pauvres la baisse de fécondité, mais l’on ne saura pas renverser la tendance et accroître la reproduction dès que les gens deviennent riches. Et lorsque vient le temps du déficit démographique, les riches se tournent vers les pauvres dépourvues des moyens de faire grandir leurs progénitures. Les pauvres ne se gêneront pas non plus, pour faire monter les enchères. Les salariés s’attendent de plus en plus à plus. Les guerres éclatent sous diverses formes, parce que tout le monde aspire au contrôle absolu et personne ne sait comment s’y prendre efficacement. Les derniers des insoumis, jeunes filles et fils des sans-terre, tombent sous les drapeaux pendant que les petits fils de seigneurs dorment dans de beaux draps à l’intérieur de leurs châteaux de cartes. Tout cela froisse bien des consciences, et bien des gens sont bien malheureux malgré les apparences. Inquiétant n’est-ce pas ? Très inquiétant ! Que se passerait-il si les pauvres boudaient les fronts, ceux du travail au noir, au salaire minimum, au temps et demi pour un ou celui du sacrifice ultime?
Pour régler toute cette problématique, la biotechnologie va être mise à contribution. Plus question d’encourager les individus à avoir des enfants. Tous les programmes dédiés à la famille sont supprimés, les fonds seront désormais affectés au présent projet. Une banque d’ovules et de spermatozoïdes est créée. Un programme de sélection et de gestion des fournisseurs anonymes est mis en œuvre. Les gènes de l’émotion et de l’attachement familial, ethnique, racial sont modifiés, ceux de l’instinct de reproduction sont éliminés et ceux de la libido renforcés. Les facultés de la pensée et de la mémoire seront inhibées ou calibrées selon les besoins nationaux, une puce implantée dans le cortex permettra d’en contrôler le fonctionnement. Le bonheur et la satisfaction sont configurés pour devenir palpables, le dessein de la vie est rendu rationnel, programmable pour le bien de tous. Partout les services de maternités font place à des pépinières de bébés, monopole sacré de l’état. Garderies et écoles sont transformées en pensionnats, comme des casernes militaires, et sont totalement gérées par et pour l’état. Lire la suite ...
©Francois Munyabagisha, mars 2008.
Gouvernance en question
Un fou roi de fous
Après la démocratie ...
Le bien-être redéfinie